Pendant plus d'une décennie, la région du Sahel a été confrontée à des défis importants en matière de sécurité, constituant l'une des principales causes d'instabilité dans cette zone. Au Mali, au Niger ou au Burkina Faso, des individus impliqués dans des activités criminelles, terroristes opèrent dans la plus grande injustice.
Évoquer la stabilité dans ces régions devient délicat en raison de la situation tendue et de l'atmosphère d'incertitude qui prévaut. Ces évènements d’ampleur ébranlent une société dans ses fondements et ses valeurs, le contexte du conflit armé pourrait en effet entraîner la déchirure du tissu social, la déstabilisation des institutions. Au sein des populations non combattantes, les femmes et les enfants sont considérés comme représentant la partie la plus vulnérable par les normes civiles et pénales[1].
Les défis liés aux changements climatiques et aux conflits dans la région du Sahel exacerbent la situation socio-économique[2]. En Septembre 2023, le bureau de la coordination des affaires humanitaires des nations unies et la matrice de suivi des déplacements ont enregistré une hausse du nombre de personnes déplacées internes passant de 375 539 à 391 961 déplacées internes au Mali soit 4% de plus, parmi ces déplacés, 57% étaient des femmes[3].
Quant au Niger, les personnes déplacées internes sont au nombre de 335 277 selon la mise à jour opérationnelle du 30 Octobre 2023 du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, 80% étaient des femmes et des enfants[4].
En octobre 2023, le Conseil National de Secours d’Urgence et de Réhabilitation et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés ont signalé 2 millions de personnes déplacées au Burkina Faso, dont 23,91% étaient des femmes.
40% des décès liés aux conflits observés dans la région résultent des violences à l’encontre des femmes[5]. Elles paient un lourd tribu à ses luttes armées qui s’ajoutent aux discrimination structurelles qui pèsent sur leur representation politique, leur activité économique et leur emancipation.
La communauté internationale s’est rendue compte depuis de nombreuses années et au cours de plusieurs conflits que non seulement les femmes sont les victimes principales à travers des abus sexuels et bien d'autres formes de violences, mais qu’il est aussi primordial de reconnaître qu’elles contribuent au bien être des familles et des communautés, elles exécutent la presque totalité des tâches liées à la production et à la sécurité alimentaire, elles assurent l'hygiène et la viabilité des sites de réfugiés et de déplacés et qu’il était temps de prévoir également leur place dans les processus de paix ainsi que dans la reconstruction qui suit le conflit
Le 31 Octobre 2000, le conseil de sécurité des nations unies a adopté à l’unanimité la Résolution 1325 (FEMMES, PAIX ET SÉCURITÉ) visant à accroître la participation des femmes à la prévention et aux règlements des conflits, ainsi qu’à la consolidation de la paix. Elle appelait les Etats à prendre les mesures nécessaires à la protection des femmes participantes sur un pied d’égalité à l’ensemble des processus de paix[6].
Grâce à cette résolution, 1542 femmes médiatrices ont été formées dans les différents pays du Sahel. Elles sont impliquées dans la prévention des conflits communautaires et contribuent activement au rapprochement et à la réconciliation des communautés.
Elles contribuent également à la sensibilisation sur la paix des bénéficiaires des autres programmes des Nations Unies, le programme l’agenda Femmes, paix et sécurité accorde un appui technique et institutionnel aux principales organisations régionales dont la plateforme des femmes du G5 Sahel, le Réseau Paix et Sécurité pour les Femmes de l’Espace CEDEAO qui ont initié des actions ambitieuses, notamment dans les régions transfrontalières entre le Mali et le Niger[7].
En conclusion, l'émergence et l'implication croissante des femmes dans les processus de paix et de résolution des conflits au Sahel représente un catalyseur essentiel pour la construction d'une stabilité durable et inclusive dans la région. Leur engagement courageux et leur persévérance démontrent que les femmes ne sont pas simplement des victimes des conflits, mais des actrices puissantes capables de contribuer de manière significative à la création de sociétés pacifiques et équitables.
[1] Population vulnérable en tant de conflits armés, doctorante en criminologie, Unité d’analyse et d’intervention en matière de violence, École de criminologie, Université de Liège, 2009 / https://orbi.uliege.be
[2] Rapport National sur le Développement et le Climat, Groupe Banque Mondial,Juin 2022 / https://www.banquemondiale.org/fr/news/infographic/2022/09/19/g5-sahel-region-country-climate-and-development-report
[3] Aperçu sur les mouvements de populations, Matrice de suivi des deplacements, Septembre 2023/ https://www.unocha.org/attachments/f7999be0-de17-443d-9d1c-f48346f9dcef/2023_OCHA-MLI-PopulationMovementSnapshot-septembre.pdf
[4] Mise à jour opérationnelle, UNHCR NiGER, Octobre 2023
https://data.unhcr.org/fr/documents/download/105019
[5] Walther, O. 2020, “Femmes et conflits en Afrique de l'Ouest”, notes ouest-africaines, N°28, Éditions OCDE, Paris.
[6] L’ONU, les femmes, la paix et la sécurité, Irène Eulriet - page 147, Éditions Armée de Terre -,2011 / https://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=INFLE_017_0147&download=1
[7] Les femmes agissent au Sahel pour la paix et la sécurité, Article publié le 16 Mars 2020 et consulté le 1 Décembre https://unowas.unmissions.org/fr/les-femmes-au-sahel-agissent-pour-la-paix-et-la-s%C3%A9curit%C3%A9
https://unowas.unmissions.org/fr/les-femmes-au-sahel-agissent-pour-la-paix-et-la-s%C3%A9curit%C3%A9